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 Lettre & le Néant...Correspondances Fils-Père & réciproquement

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AuteurMessage
Erik de Josseliniere

Erik de Josseliniere


Messages : 170
Date d'inscription : 10/01/2009

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MessageSujet: Lettre & le Néant...Correspondances Fils-Père & réciproquement   Lettre & le Néant...Correspondances Fils-Père & réciproquement Icon_minitime1Jeu 6 Mai - 0:31

Un cabinet de travail -comme il n'en existait surtout pas au Moyen-Age-, un bureau -pas plus-, un fauteuil -encore moins-. Un Duc fatigué mais bien plus heureux de vivre qu'il y avait quelques mois, nouvellement bi-père, toujours aimant, malgré cette improbable famille angevine, et tant heureux d'avoir pu retrouver son épouse au Louvre, à défaut de l'avoir à ses cotés -pas plus que réciproquement-. Une lettre, enfin. Pas tout à fait la première (Zeus ! Qu'il regrettait d'avoir égaré les précédentes, se doutant que ces idiots de serviteurs s'en étaient servis comme d'une étoupe allume-flambée, l'hiver dernier. Pourtant, il avait toujours préconisé les Zip, beaucoup plus efficaces, bien que pas encore inventés), mais bien plus adulte que les précédentes. Et pour cause : c'est qu'il avait grandi, le petiot ! Bref, le Tri prit place à son bureau qui n'existait pas encore sur ce fauteuil grand siècle avec quelque avance dans cette pièce de taille moyenne et introuvable dans le moindre château-fort afin d'y lire, avec passion et attention, la dernière missive de son aîné :

Le Fils a écrit:
Père,

Pendant les affrontements de Craon, Mère m'a envoyé passer un séjour en Bretagne avec mes compagnons. A mon retour, on m'interdit de la voir, à ce qu'on raconte elle serait touchée par la folie et on l'emmènerait se murer à Saint XIX pour qu'elle y trouve du repos.
Je suis abattu.
Pour couronner le tout, l'Anjou se montre hostile à mon propos. L'on ne me qualifie plus icelieu que par le terme de "Bourguignon", moi qui suis né à Château Gonthier et n'ai jamais connu d'autre asile. J'ai beau être fier de mon métissage, il n'en est pas moins un fardeau parfois lourd à supporter. J'ai dans l'envie de répondre à l'insolence de la populace en confirmant leurs dires.

Ce me semble, le temps est venu pour moi de quitter l'Anjou pour vivre sur vos terres, découvrir la Bourgogne dont la mie de mon sang découle, vous connaître enfin, partager quelques années à vos côtés, en fils.

D'ici quelques jours une escorte nous conduira, Yolanda et moi, jusqu'aux portes de Corbigny.

Recevez de moi respect et amour filial,
A bientôt.

Aimbaud

Sa lecture l'avait sommairement rendu grave (le Corton est un immense vin mais un peu compliqué à digérer, en dehors des repas) et insidieusement inquiété. C'est donc dans cet état d'esprit qu'il se mit en devoir -devoir bien relatif tant il avait plaisir à faire glisser la plume sur le vélin caran d'aches premier prix- de répondre ce qui suit :

Le Pair a écrit:
Mon bien cher Fils et néanmoins héritier,

Ces mots que vous m'envoyez sont bien pénibles à lire -nonobstant cette nouvelle délicieuse d'apprendre votre future venue- car vous comprendrez aisément que de découvrir que folie douce (ou pas) guette votre maman, laquelle est aussi mon épouse, ce qui, d'une certaine manière, tombe assez bien, surtout pour le jour où j'irai faire un tour du coté de chez Aristote, mais je m'égare à l'est ("eggare humanum est", affirmait le Philosophe), bref, cette nouvelle m'en fait tomber les bras sur les fesses de cette main écrivaine.

Que l'on ôte, par ailleurs, toute possibilité à la chair de sa chair, au sang de mon sang, toi, toi, mon toi, de rendre visite à ma Petite Reyne, voila qui est trop fort ! Mais je ne comprendrai jamais rien aux coutumes angevines, car nul doute que cela en est une autre que je ne connaissais point...

Quant aux masses beuglantes et bêlantes, mon Fils... Bah... Versatiles, injustes, intéressées, concupiscentes, veules, hypocrites, futiles, ingrates, pauvres, démocrates... Et j'en oublie bien certainement. Les pires, méfie-t-en comme de la maladie des bubons, sont ceux-là qui souhaitent s'en échapper pour mieux écraser plus tard, souvent par la Politique -celle-là même qui fit ton père, jadis-, ce même peuple qu'ils prétendent défendre tout en jalousant et honnissant les enfants de bonne race !

Cela me touche, sais-tu, que tu sois fier de ton métissage. Pas uniquement pour ce père qui se décide enfin à t'écrire -mais tu es en âge de comprendre ces mots d'homme, désormais-, ce père que tu connais si peu, qui te connait bien mal, mais qui te retourne cette fierté d'avoir un aîné capable de tels mots. Pas uniquement pour ta mère, non plus, une femme exceptionnelle tout autant que d'exception. Mais aussi, que tu sois fier d'être le fruit -maudit malgré toi, malgré nous quatre, Penthièvre et Josselinière, Corbigny et Château-Gonthier entremêlés- de notre amour, de notre mariage !

Tu es déjà un grand, mon fils : ne l'oublie jamais !

Alors oui, Aimbaud de mon sang, je me réjouis jà de ta venue, de votre venue, puisque tu seras accompagné de notre jeune Etoile (prends en bien soin, surtout : je t'en nomme expressement responsable). Je m'en réjouis, et la craint tout en même temps, car je n'ai pas que des amis ici, vois-tu. Et ton vieux père ne fait nul effort pour se faire bien voir des imbéciles ni des goujats. Rares sont ceux qui ont ma totale fiance. Rares sont ceux qui m'accordent le leur. C'est fort bien ainsi, pour moi, sans nul doute, mais cela ne sera sans doute pas toujours aisé à entendre pour un beau jeune homme comme toi. Car l'on te traite de Bourguignon en Anjou, me confies-tu. J'ai grand peur que l'on te traite d'angevin en Bourgogne ! Et ici comme là-bas, le mot passera pour insulte...

Ton vieux père sera avec toi, toujours, mais je ne pourrais faire taire les imbéciles, quand bien même je le voudrais. Retiens seulement, une fois encore, que je suis fier de toi !

Qu'Aristote puisse vous protéger tout au long de la route,
Prend un soin inouïe de ta soeur,

Ton père qui t'aime,
Erik de Josselinière.
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